L’esprit et la fierté des artisans japonais sont enracinés à Hanoi.

L’usine de KAI Vietnam, où Tam travaille, se trouve à 30 minutes de voiture au nord de Hanoi. À l’intérieur, une nouvelle génération d’artisans qui est l’héritière de l’artisanat japonais est entièrement concentrée sur son travail. Quelle philosophie anime donc leur création chez KAI Vietnam qui fêtera son 10ème anniversaire l’année prochaine ?

(Photo du haut) Étape de mise en boîte des rasoirs double-lames à revêtement en titane. L’inspection est réalisée d’un œil sévère qui ne laisse pas passer la moindre imperfection.
(Photos du bas) Le polissage des pinces coupe-ongles en acier inoxydable réclame une technique délicate.

(Photo de droite) Environ la moitié des rasoirs à sourcil CAN ML sont fabriqués au Vietnam.
(Photos de gauche) Lors de sa création, l’usine a débuté par la production de coupe-ongles mais elle fabrique aujourd’hui également des ciseaux et des couteaux de cuisine. Les machines de traitement thermique viennent du Japon.

Une table de ping-pong a été installée dans la cantine. « Ping-pong pendant la pause de midi ! » est l’expression favorite des employés. L’usine est aussi équipée d’un terrain de football où est organisée chaque année la Coupe KAI, un grand événement auquel tous les employés participent.

Nous entrons dans la dernière étape de la fabrication des coupe-ongles en acier inoxydable. Équipé de gants de contrôle de la qualité, il ne s’agit pas seulement de déceler les imperfections visibles mais également de contrôler chaque détail comme le tranchant des lames recourbées ou l’angle de prise en main. Le chef adjoint qui transpirait tout à l’heure face à la table de ping-pong est maintenant entièrement concentré sur sa tâche.

L’âge moyen des employés de KAI Vietnam est de 28 ans dont 60% de femmes qui représentent la part la plus active des effectifs.

L’esprit de prévenance né il y a plus de 100 ans a été transmis du Japon au Vietnam.

Depuis la droite, Takeo Tsutsui (Directeur de production), Yoshinari Kawai (Directeur de l’usine), Shinichi Okuda (Directeur adjoint), devant l’usine de KAI Vietnam. Depuis la création de KAI Vietnam dans la zone industrielle de Thang Long située dans la banlieue de Hanoi, un système de stage dans l’usine de KAI Corporation au Japon dans le département de Gifu a été mis en place pour les employés candidats aux postes de cadres. Quel contenu leur est donc transmis par KAI Corporation ? Nous avons interrogé Chuong (au centre sur la photo des trois employés p.18) qui a suivi ce stage il y a 6 ans et qui est aujourd’hui chef adjoint. Il nous a aussitôt répondu : « Le point de vue de la création ».
« Jusqu’alors, je pensais que mon rôle était de maintenir la productivité mais j’ai découvert l’esprit du forgeron qui a complètement changé ma conception du travail. Il s’agit d’un esprit de prévenance qui consiste à comprendre les attentes et les habitudes de l’utilisateur pour en tenir compte lors de la création. J’ai pris pleinement conscience du fait qu’imaginer comment les gens vont utiliser un produit au sein de leur vie quotidienne était la véritable essence de la création. Plutôt qu’un point de vue matériel qui se contente de fabriquer, il s’agit de se placer d’un point de vue humain. »
KAI Vietnam qui a débuté avec environ 60 personnes compte aujourd’hui 774 employés et a également étendu le champ de ses activités. On peut imaginer à quel point un tel développement doit décupler les difficultés de coordination mais Yoshinari Kawai, Directeur de l’usine, nous a expliqué d’un air rassurant et confiant : « Les leaders de la prochaine génération comme Chuong sont des piliers capables de transmettre l’esprit l’artisanal aux nouvelles recrues ». Takeo Tsutsui, Directeur de production, nous confirme également que leurs progrès sont attestés par le taux de produits défectueux de ces dernières années.
« Nous avons des normes d’inspection pour chaque produit qui stipulent par exemple qu’un simple défaut de 0,1 cm2 sur une surface en acier inoxydable se traduit par une mise au rebut. Cependant, notre taux de produits défectueux actuel est inférieur à 0,1%. »
C’est l’esprit artisanal de KAI Corporation transmis au Japon depuis plus de 100 ans. Ses graines se sont répandues au Vietnam où elles ont indéniablement germé.

Depuis la cafétéria de Hanoi

« Dans notre cantine, nous servons un poulet frit qui n’a rien à envier au riz au poulet du Sofitel Plaza Hotel ou aux brochettes de poulet du BINH MINH » nous vante le Directeur de l’usine qui s’y connaît en cuisine vietnamienne. Nous nous sommes donc hâtés de nous rendre au réfectoire pour nous joindre à la longue queue devant la table de distribution des plateaux. Aussitôt assis à notre table, nous avons croqué dans le fameux poulet, si croustillant à l’extérieur et juteux à l’intérieur ! À chaque bouchée, la sauce aigre-douce à base de nuoc-mâm et sauce de soja et le jus de viande chatouillent le palais et vous font engloutir votre riz en un clin d’œil. Le Directeur n’avait pas menti : C’est bien l’un des 3 meilleurs poulets de Hanoi !